Pizza : les astuces d’un champion de France

Temps de lecture : 9 minutes
Travail d’une pâte à pizza

Triple Champion de France de pizza dans différentes catégories, Simone Desogus est devenu une référence en la matière. Entre tradition et innovation, le pizzaiolo d’origine sarde nous confie ses secrets pour un empâtement goûteux, une cuisson parfaite et une garniture à tomber.

Triple champion de France

Sacré meilleur pizzaiolo de France en 2019 pour sa pizza napolitaine, en 2021 pour sa version al taglio et en 2023 dans la catégorie « classique », Simone Desogus exerce derrière les fourneaux depuis 32 ans. Son restaurant, le Margherita 1889, baptisé en l’honneur de sa pizza favorite créé à cette même date, se situe à Pernes-les-Fontaines, entre Carpentras et Avignon. Depuis 17 ans, il y accueille sa clientèle fidèle constituée autant de gourmets que d’amateurs de simplicité.

 

« C’était très important pour moi de remporter ces titres. Pour y arriver, j’ai travaillé d’arrache-pied pendant des mois, entre douze et treize heures par jour », raconte le champion. Mais ce qui a vraiment fait la différence, c’est son amour du métier et son âme de cuisinier.

Les conseils d’un pizzaiolo triplement titré

La pizza est le plat populaire par excellence. Mais populaire ne veut pas dire facile à réaliser. Pour un résultat vraiment exceptionnel, le champion de France nous révèle ses secrets.

Être un vrai cuisinier

« Faire une bonne pizza, ce n’est pas jeter quelques bouts de jambons et de la sauce tomate sur une pâte. Je travaille les pizzas comme des plats », confie Simone Desogus. Cet amour de la cuisine, il le tient de sa mère, elle-même cheffe. Alors, dès son plus jeune âge, il passe le plus clair de son temps devant les fourneaux, même si ce n’est que pour observer dans un premier temps. Puis il occupe des postes en cuisine à Paris, à Courchevel, Megève, Gordes ou encore en Espagne. Fort de ses expériences jusque dans des établissements étoilés, Simone Desogus développe une exigence et une finesse dans ses associations de saveurs et ses assaisonnements. Et c’est ce qui fait toute la différence.

Adapter son empâtement à son concept

Pour remporter son premier titre, le pizzaiolo a dû adapter sa technique d’empâtement. « Au départ, je suis un pizzaiolo napolitain. Je faisais comme les anciens avec une pâte très hydratée préparée la veille pour le lendemain. » Une technique ancestrale aux résultats prouvés mais qui ne s’adapte pas bien à la consommation française principalement à emporter. « Ce type de pizza devient très caoutchouteuse quand elle n’est pas mangée tout de suite. Ça mouille le carton et ça devient du chewing gum ! »

 

Résultat, le chef a donc dû adapter sa recette. « Je me suis tourné vers des pizzas moins hydratées avec plus de maturation pour une pâte plus croustillante. Pour un résultat optimal, on fait la pâte deux jours à l’avance ».

Préparation à la main d’une pâte à pizza

Travailler des produits de saison

Au menu de sa pizzeria, on retrouve une vingtaine de pizzas différentes, dont trois pizzas du moment dont les recettes varient chaque semaine. Et pour garder son inspiration et rester dans la tendance, Simone Desogus a un secret : la saisonnalité. « Il me suffit de me rendre chez le maraîcher pour avoir plein d’idées. Après, je suis un peu foufou, il faut parfois me canaliser et me rappeler que les gens aiment aussi la simplicité », s’amuse le chef.

Cet automne par exemple, le champion propose une pizza sur une base de velouté de topinambour, avec du cabillaud snacké, une réduction de sauce au wasabi et des chips de pancetta. Une association peu commune qui attire les clients désireux de tester des pizzas inédites et travaillées.

Choisir des produits de qualité

« Une bonne pizza, c’est un bon chef, mais aussi de bons produits », rappelle Simone Desogus. Du choix de la farine à celui de la garniture, le chef est particulièrement soucieux d’offrir le meilleur à ses clients. « C’est important de faire de la marge pour réussir, mais il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles », défend-t-il.

Pizza en gros plan devant un feu

Soigner sa cuisson

« La semaine prochaine, je participe au jury pour les qualifications en Corse pour le championnat de France 2024. Pour nous, le critère numéro un, c’est la cuisson », explique le pizzaiolo. « Après chaque pizzaiolo a sa spécialité, ajoute-t-il. Tout dépend du goût auquel on habitue ses clients. Chez moi par exemple, c’est doré mais pas trop croustillant, on ne veut pas du gressin ! »

 

Pour la pizza al taglio, le chef conseille d’adapter la cuisson avec un four à 300-310° C contre 390° C pour une pizza classique.

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Innover en gardant l’âme du plat

Pour certains puristes, la pizza devrait rester figée dans le temps, dans sa forme comme dans ses garnitures, mais pour le champion de France, c’est tout l’inverse. « La pizza doit rester un plat populaire avec des saveurs qui parlent aux gens, mais rien ne nous empêche d’aller chercher un peu de nouveauté et d’innover pour se démarquer. » C’est d’ailleurs ce qu’il fait avec sa pâte au curcuma, par exemple. « Cette épice rend la pizza beaucoup plus digeste, ce qui plaît beaucoup à mes clients », explique-t-il. « En plus, aujourd’hui on a des pétrins, des fours et des farines qui n’existaient il y a 30 ans. Des farines d’orge torréfié, des farines semi-complètes… Ce sont de super outils pour se différencier. »

Pizzaiolo préparant sa pâte

Être passionné

« Il y a des gens qui se lancent juste pour faire de l’argent, déplore Simone Desogus. Ils suivent une formation pendant une semaine puis ouvrent leur restaurant. Au pire ils y proposent des pizzas surgelées, au mieux des produits vraiment bas de gamme… Ce que je veux dire aux jeunes chefs, c’est que pour réussir dans ce métier, il faut le faire avec beaucoup d’amour et beaucoup de passion. Sans cela, ça n'en vaut pas la peine, ni pour vous, ni pour les gens qui viendront déguster vos pizzas. Nous sommes des artisans et nous devons nous comporter comme tels. »

S’adapter à sa clientèle

Dans son petit restaurant de neuf places assises, le chef a beau servir des pizzas d’exception, il n’en oublie pas pour autant de s’adapter à sa clientèle. « Le midi, mes clients sont des ouvriers pour la plupart. Je dois leur proposer des plats plus simples qui correspondent à leurs attentes » détaille le chef. De la même manière, s’il s'enthousiasme pour l’arrivée en France de grands classiques de la street-food comme la pizza frite ou de la pizza sandwich (portafoglio), il reconnaît que cette tendance n’est pas adaptée au petit village dans lequel il est installé. « Ici, les gens aiment prendre le temps de déguster leur repas. On est moins speed qu’à Paris ou dans les grandes villes. »

 

Côté restrictions alimentaires, le chef, pragmatique, avoue ne pas proposer de pizzas sans gluten. « Le gluten est extrêmement volatile, il faudrait donc que la pâte soit préparée dans un autre laboratoire, ce n’est pas possible pour moi. » En revanche, les alternatives végétariennes et véganes sont pour lui une véritable opportunité pour satisfaire sa clientèle. « Je cuisine beaucoup de légumes de saison, c’est donc normal pour moi. Par contre, ce n’est pas toujours facile d’expliquer que je privilégie les légumes de saison. Certains clients voudraient des aubergines et des courgettes toute l’année. »

Partager sa passion

Les Français sont de plus en plus nombreux à s’équiper de fours à pizza à la maison. Une tendance qui n’inquiète pas le chef qui ne craint pas la concurrence. Bien au contraire. Pour lui c’est une formidable occasion de connecter avec ses clients en leur partageant ses astuces. « J’ai organisé plusieurs fois des ateliers avec des particuliers pour leur apprendre à faire des pizzas. Je fais ça le lundi, quand le restaurant est fermé. »

De l’amour, des bons produits et l’envie de faire plaisir, voilà en bref le secret pour une pizza de champion !