Tout savoir sur la rémunération en restauration

Temps de lecture : 14 minutes
Stylo rouge posé sur un bulletin de paie

Que vous soyez déjà un professionnel aguerri de la restauration ou que vous envisagiez de vous lancer dans cette aventure, la question de la rémunération est d'une importance primordiale. Dans un domaine où le travail est exigeant et les heures souvent longues, comprendre le fonctionnement de votre salaire est essentiel pour assurer votre bien-être financier. Découvrez toutes les informations nécessaires sur la rémunération et les cotisations dans le secteur d'hôtellerie et restauration.

Les différents types de rémunération en restauration

Salaire de base : définition et fonctionnement

Le salaire de base constitue le pilier de la rémunération pour les professionnels de la restauration. Il représente le montant fixe que le travailleur reçoit pour son travail, indépendamment des pourboires ou des bonus éventuels. Ce salaire est déterminé en fonction de plusieurs facteurs tels que le poste occupé, l'expérience, les qualifications et les politiques de rémunération de l'établissement.

 

Le fonctionnement du salaire de base peut varier en fonction des pratiques de l'entreprise. Certains établissements paient un salaire horaire, tandis que d'autres utilisent un salaire mensuel ou hebdomadaire.

Pot à pourboires avec de la monnaie

Pourboires : distribution et impact sur la rémunération totale

Les pourboires jouent un rôle important dans la rémunération des professionnels de la restauration et peuvent souvent représenter une part importante des revenus.

 

La distribution des pourboires peut varier selon les politiques de l'établissement. Dans certains cas, les pourboires sont partagés entre tous les membres du personnel. Dans d'autres cas, ils sont conservés par le serveur ou le personnel qui les a reçus. Cette répartition peut être équitablement organisée selon des critères prédéfinis ou être laissée à la discrétion des employés.

 

L'impact des pourboires sur la rémunération totale peut être significatif. Pour certains serveurs d'établissements haut de gamme ou très fréquentés, les pourboires peuvent représenter une part très importante de leur revenu.

Avantages en nature : logement, nourriture...

En restauration, il est également possible de bénéficier d'avantages en nature, tels que le logement ou la nourriture, qui contribuent donc à la rémunération totale.

 

Dans certaines situations, notamment pour les travailleurs saisonniers ou ceux employés dans des établissements éloignés, l'employeur peut fournir un logement gratuit ou à prix réduit aux employés. Cela peut prendre la forme de chambres dans des dortoirs, d'appartements partagés ou de logements indépendants.

 

De nombreux établissements de restauration offrent également des repas gratuits ou à prix réduit à leur personnel pendant leurs heures de travail. Cela peut inclure des repas complets ou des réductions sur les repas pris sur place.

Bonus et primes : récompenses pour la performance et l'ancienneté

Les bonus et les primes constituent des éléments de rémunération supplémentaires souvent offerts en reconnaissance aux performances exceptionnelles, ou en raison de longues périodes de service au sein de l'établissement.

 

Ces bonus et primes incitent les employés à fournir un travail de qualité et à rester fidèles à leur employeur. Ils contribuent également à renforcer la motivation, l'engagement et la satisfaction au travail.

Aspects légaux et réglementaires de la rémunération en restauration

Salaire minimum et heures supplémentaires

Le respect du salaire minimum est une obligation légale pour les employeurs dans le secteur de la restauration. Les travailleurs de la restauration doivent donc être rémunérés au moins au niveau du salaire minimum fixé par la loi, quel que soit leur âge ou leur expérience.

 

Les heures supplémentaires doivent être rémunérées conformément à la législation en vigueur. Une majoration de 25 % est appliquée au taux horaire pour les heures supplémentaires de la 36e à la 43e heure inclusivement. Cette majoration est suivie d'une augmentation de 50 % à partir de la 44e heure. Ces taux s'appliquent sans considération de l'ancienneté du salarié dans l'entreprise.

Contrats de travail : types de contrats courants en restauration

Dans le secteur de la restauration, plusieurs types de contrats de travail sont couramment utilisés, notamment :

Homme en chemise faisant des comptes sur un bureau
  • Contrat à durée déterminée (CDD) : engage l'employé pour une période définie, qui peut être saisonnière ou temporaire.
  • Contrat à durée indéterminée (CDI) : engage l'employé de manière permanente, sans date de fin prédéterminée.
  • Contrat d'intérim : est conclu avec une agence d'intérim qui place l'employé dans différents établissements de restauration selon les besoins.
  • Contrat à temps partiel : engage l'employé pour travailler moins d'heures que la norme à temps plein, avec des conditions spécifiques en matière de rémunération et d'avantages sociaux.

 

Chaque type de contrat de travail offre des droits et des obligations spécifiques aux employeurs et aux employés, et leur utilisation dépend souvent des besoins opérationnels de l'établissement.

Droits et protections des travailleurs : congés payés, santé et sécurité au travail

Les travailleurs de la restauration bénéficient de droits et de protections spécifiques en matière de congés payés, de santé et de sécurité au travail. Ces droits comprennent :

 

  • Congés payés : Selon l'article L.3141-3 du Code du travail, tout salarié bénéficie d'un droit au congé payé, indépendamment de son type de contrat (CDD, CDI, intérim), de son régime de travail (à temps plein, à temps partiel) ou de son ancienneté. Chaque mois de travail effectif donne droit à un congé de deux jours et demi ouvrables. Ainsi, pour une année complète de travail, cela correspond à 30 jours ouvrables, soit cinq semaines de congés payés.

  • Santé et sécurité au travail : Les employeurs sont tenus de fournir un environnement de travail sûr et sain à leurs employés. Cela comprend la formation sur les procédures de sécurité, la fourniture d'équipements de protection individuelle et la mise en place de mesures de prévention des accidents et des maladies professionnelles.

Les récentes évolutions de rémunération en restauration

Hausse des rémunérations pour vos employés

Chaque année, le salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) est revalorisé par décret au 1er janvier en fonction du niveau de l’inflation. Et, dès que l’inflation dépasse les 2 %, le Smic est revalorisé en cours d’année. Ainsi le 1er mai 2023, le smic 39h restauration sera augmenté de 2,19%.

 

Revalorisation du Smic

Depuis la dernière révision de la grille salariale des CHR en octobre 2023, le SMIC conventionnel est établi à 11,72€. En janvier 2024, le SMIC national a été à nouveau ajusté pour atteindre 11,65€.

 

Cette mesure concerne le salaire brut restauration sur tout type de contrat : CDI, CDD, intérim, saisonnier, temps partiel, intérim et heures supplémentaires.

 

Augmentation du minimum garanti

En plus de l’augmentation du Smic en restauration, le minimum garanti qui s'établissait à 4,01 euros en 2023 a été relevé à 4,15 euros depuis le 1er janvier 2024. Dans le monde du travail, cet indicateur est une valeur de référence pour évaluer les avantages en nature, les frais professionnels et les avantages sociaux.

 

En restauration, il est utilisé pour déterminer la valeur de l’avantage en nature sous forme de repas, dit « avantage nourriture » et l’indemnité compensatrice de nourriture si vous ne proposez pas de repas à vos employés.

Vous souhaitez en savoir plus sur la dématérialisation des pourboires
Oui je souhaite me renseigner
Je m’informe

La défiscalisation des pourboires pour les salariés

En 2022, le gouvernement a introduit la défiscalisation des pourboires, exemptant les salariés de tout impôt sur les pourboires payés par carte bleue. Cette mesure a été prolongée jusqu'au 31 décembre 2024, maintenant ainsi l'exonération d'impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux pour les pourboires reçus dans le cadre de l'activité professionnelle. Cette décision a été entérinée dans le projet de loi de finances pour 2024.

 

Ce dispositif est temporaire. Pour l’instant, il n’y a pas d’indication pour les années à venir sur les pourboires défiscalisés.

 

Quelles sont les sommes visées par le dispositif ?

Ce sont les sommes remises volontairement par les clients pour le service. Cela inclus les pourboires versés directement (en monnaie ou carte bancaire), mais aussi le pourcentage service inclus dans la note payée par le client.

 

Quels sont les montants à ne pas dépasser ?

Les pourboires, versés volontairement par le client, ne sont pas plafonnés.

 

Pour le pourcentage service, la loi prévoit que seuls les employés à salaire modéré en bénéficient. Leur paie ne doit pas dépasser 1,6 fois la valeur du Smic. Ainsi, cette défiscalisation concerne seulement les salaires inférieurs à 2 795,52 euros bruts par mois.

Réduction générale de vos cotisations employeur

La hausse de la rémunération de vos salariés est compensée par la baisse des cotisations que vous devez payer à la Sécurité Sociale en tant qu’employeur.

 

Quels sont les éléments de rémunération concernés ?

Vous bénéficiez de cet allègement sur tous les éléments de rémunération :

  • pourcentage service
  • salaire
  • primes
  • gratifications
  • rémunération des heures supplémentaires ou complémentaires
  • pourboires
  • indemnités compensatrices de congés payés et de préavis

 

Quel est le plafond ?

Les employeurs bénéficient d’une réduction générale sur les cotisations, mais uniquement sur les rémunérations inférieures à 1,6 fois le Smic, soit 2 795,52 euros bruts. L’Urssaf propose un simulateur pour la calculer.

 

Toutes les cotisations sont concernées :

  • maladies
  • accidents du travail
  • familiales
  • vieillesse
  • chômage
  • formation professionnelle
Zoom sur les chiffres d'une fiche de paie

Évolution de la présentation du bulletin de paie

Une nouvelle mention : le net social

Depuis le 1er juillet 2023, tous les bulletins de paie devront comporter la mention du « net social ».

 

Le ministère du Travail en donne la définition suivante : « Le “montant net social” est constitué de l’ensemble des sommes brutes correspondant aux rémunérations et revenus de remplacement versés par les employeurs à leurs salariés (salaires, primes, rémunération des heures supplémentaires, avantages en nature, indemnités de rupture), diminuées des cotisations et contributions sociales qui leur sont applicables. »

 

Comment sera-t-il calculé ?

  • Additionner l’ensemble des éléments de rémunérations brutes versés à l’employé.
  • Soustraire l’ensemble des cotisations et contributions sociales obligatoires à la charge du salarié, dont celle due au titre de la complémentaire santé.
  • Additionner les exonérations et allégements de cotisations dont a bénéficié le salarié ainsi que les cotisations et contributions sociales facultatives à la charge de l’employeur, à l’exception des cotisations facultatives dues au titre de la complémentaire santé.

 

Le ministère détaille ce calcul dans leur foire aux questions.

 

À partir de 2024, vous devrez en plus déclarer aux organismes sociaux le « montant net social » de vos salariés, comme vous le faites déjà pour le « montant net imposable ».

 

Nouveau modèle de fiche de paie

L’arrêté du 31 janvier 2023 prévoit une nouvelle présentation de la feuille de paie pour juillet 2023, expliqué en détail sur le site legifrance. Elle vise à simplifier les modèles, pour vous comme pour vos salariés.

 

Les objectifs de cette mise à jour sont :

  • Améliorer la lisibilité des libellés
  • Identifier les cotisations salariales qui doivent être déduites
  • Harmoniser l’affichage de certains avantages, remboursements ou déductions pour permettre de mieux comprendre le montant net perçu

En 2025, une nouvelle révision interviendra sur les bulletins de salaires. Les entreprises devront obligatoirement mettre en place un modèle rénové de bulletin. Ce modèle réorganise la présentation des cotisations de protection sociale complémentaire pour faciliter la compréhension du net social. Il permet aussi d’identifier les cotisations salariales qui doivent être déduites pour y parvenir.