Les avantages de passer à la semaine de 4 jours dans la restauration

Quand la restauration s’y met doucement mais sûrement…

Accélératrice de toutes les tendances, la crise du Covid a poussé certains chefs à revoir l’organisation de leur établissement.

C’est le cas de Julia Sedefdjian à la tête de son restaurant BΛIETΛ qui a commencé avec une demi-journée de repos supplémentaire : « Pendant un an, certains n’avaient pas travaillé, donc quand tu as passé toutes tes soirées à la maison, tu découvres une autre vie. Ça a beau être notre passion, on a envie d’avoir du bon temps à côté. », explique la plus jeune cheffe étoilée de France.

Même son de cloche chez le chef nordiste Florent Ladeyn. Non content de s’être lancé dans la semaine de 4 jours, l’ex-participant de l’émission Top Chef aspire à une révolution des mentalités dans le milieu : « Dans ce métier, on trouve normal de travailler 60 heures par semaine. Si nous, on arrive à changer, d’autres peuvent le faire. »

Les 4 avantages de la semaine de 4 jours

« Et si la semaine de 4 jours était l’avenir de la restauration ? », s’interrogeait il y a bientôt un an Konbini. Si le média de l’actualité pop se pose sérieusement la question, ce n’est pas un hasard.

Saviez-vous que 76% des salariés de l’hôtellerie-restauration souhaiteraient bénéficier d’une plus grande flexibilité dans l’organisation de leurs horaires de travail, avec la possibilité de les condenser sur une semaine de 4 jours ?

C’est le résultat de l’enquête « People at Work 2022 ».

Renforcer son attractivité

« J’ai reçu une quarantaine de candidatures en deux jours, alors que j’ai peiné à en avoir difficilement huit en un an », se réjouit Christophe Comes. Face aux difficultés de recrutement, le chef installé dans les Pyrénées-Orientales a proposé un troisième jour de repos à ses salariés, et cela sans perte de salaires.

Face aux 200 000 postes qui manqueraient dans la restauration aujourd’hui, nul doute que la semaine de 4 jours peut significativement aider au recrutement de nouveaux salariés.

Améliorer la qualité de vie de vos employés

Avoir plus de temps libre est une attente de plus en plus forte de la part des candidats, et notamment chez la génération Y et Z, qui souhaitent désormais consacrer plus de temps à leurs loisirs ou à leurs responsabilités.

Pour les chanceux qui travaillent 4 jours, c’est, à les écouter, toute la vie qui change : « C'est totalement nouveau et très agréable de pouvoir profiter comme ça. On n'est plus enfermés dans le travail-dodo. On a autre chose, on peut avoir des activités, faire du sport, on est plus libre », constate Maxence Daronne, second de cuisine dans l’équipe de Manuel Nunez, jeune chef agenais.

Améliorer la satisfaction client

« Mes serveurs sont des vendeurs. Aujourd’hui, ils sont heureux au boulot, heureux chez eux et vendent plus qu’un mec fatigué », explique le chef étoilé Florent Ladeyn. C’est bel et bien l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle qui fait la différence sur la qualité de service, observent celles et ceux qui ont adopté la semaine de 4 jours.

Des équipes moins stressées et épuisées, c’est la promesse de services plus sereins pour tous… et surtout pour les clients !

Augmenter la productivité et l’efficacité

Parmi les autres bénéfices de la semaine de 4 jours ? Une meilleure productivité pour les entreprises ! Selon une étude internationale réalisée auprès d’entreprises anglo-saxonnes, dont des restaurants, leur productivité a augmenté de 8 % en dix mois.

Voici ce que l’on retient des multiples expériences menées jusqu’ici :

Une diminution des arrêts maladie
Une amélioration de la santé physique et mentale des salariés
Une légère augmentation des bénéfices de l’entreprise

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Travailler moins mais mieux

Concrètement, comment ça marche la semaine de 4 jours ? Découvrez nos recommandations pour se lancer en toute sérénité.

Ce que dit la loi

Aujourd’hui, la loi autorise deux possibilités :

Réduire le nombre d’heures de travail hebdomadaire pour passer à une semaine de 32 heures
Augmenter la charge de travail journalière et répartir les 35 heures hebdomadaires sur 4 jours

Vous pouvez également fermer votre établissement 3 jours par semaine. Un pas déjà franchis par quelques restaurateurs, désireux, eux aussi, d’avoir plus de temps libre.

L’objectif n’est pas de concentrer 39 heures sur 4 jours, ce qui pourrait être contre-productif. Burnout, fatigue, démotivation… ceux qui ont tenté en sont vite revenus !

Ni utopie, ni solution miracle, la semaine de 4 jours nécessite de repenser intégralement le fonctionnement de votre restaurant et de respecter certains principes pour obtenir les résultats escomptés. Voici quelques conseils pour que la semaine de 4 jours soit bénéfique aux salariés et à votre établissement.

S’organiser

Impliquez vos équipes ! Elles peuvent avoir de très bonnes idées pour organiser plus efficacement leurs journées de travail.
Partez à la chasse aux temps morts/trous dans les journées de vos salariés. Profitez de cette opportunité pour leur permettre de gagner en polyvalence.
Tout le monde ne souhaite pas forcément passer à la semaine de 4 jours. Après quelques entretiens, assurez-vous que cette nouvelle organisation du travail convienne à tous, mais aussi à vous !
Interrogez régulièrement vos équipes pour ajuster et modifier si besoin leur emploi du temps.
N’hésitez pas à anticiper un maximum et à planifier les horaires de travail de vos employés à l’avance.

Progresser

Donnez-vous la possibilité de revenir en arrière en testant la semaine de 4 jours. Comme une nouvelle recette, on la teste avant de la proposer au menu !
Commencez par une semaine de 4,5 jours si la semaine de 4 jours vous semble trop compliquée à mettre en place.
Considérez le passage à la semaine de 4 jours comme une occasion d’être plus à l’écoute des besoins de vos salariés et de gagner en souplesse. Certains salariés souhaitent seulement obtenir un jour de repos supplémentaire ou encore finir leur journée plus tôt et cela ponctuellement.

Au-delà de la semaine de 4 jours, qui aujourd’hui concernerait 2% de la totalité des restaurants en France, c’est bien la place du travail dans nos vies qui est au cœur des débats. Et ce n’est pas Thierry Marx qui va aller à l’encontre de cette tendance de fond.

Le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) s’en explique : « Il y a des gens qui nous offrent aujourd'hui la possibilité de travailler quatre jours, avec trois jours de repos. Je ne dis pas que c'est la panacée, que c'est l'alpha et l'oméga, mais aujourd'hui, on voit bien qu'on ne veut plus avoir un rapport sacrificiel au travail. »

Alors, prêts, vous aussi, à travailler moins mais mieux ?